Le monde du bâtiment est un des secteurs les plus polluants, premier producteur de déchets et deuxième émetteur de carbone. Pour répondre aux enjeux planétaires et climatiques, il est temps de se pencher sur la rénovation massive des bâtiments existants. Rénover est plus économe en ressources, en énergie et beaucoup moins polluant que la construction neuve.

La rénovation des bâtiments n’est pas qu’une affaire d’étiquettes énergétiques et de solutions toutes faites comme le proposent les diagnostiqueurs et les marchands d’isolation et de double vitrage… Une rénovation réussie demande un peu d’intelligence et de temps pour explorer le bâti existant et construire des solutions pragmatiques et adaptées aux problèmes posés. Comment prendre soin des lieux dans lesquels nous vivons, logements, ateliers, bureaux, écoles, hôpitaux…? Comment réussir une rénovation performante énergétiquement sur le long terme, mais aussi belle et écologique ?

Passer le bâtiment à la loupe, ce n’est pas en chercher les défauts mais bien essayer de comprendre son fonctionnement, ses modes constructifs, toutes les opportunités qu’il offre. Loin d’être une formalité, le diagnostic est un moment essentiel du projet de réhabilitation : si les problèmes sont bien posés, les solutions en découleront naturellement. Il s’agit donc d’observer, de bien identifier et poser les contraintes, de mesurer les bénéfices, les optimisations possibles, les problèmes structurels, les sources de déperdition énergétiques, etc. Nous proposons pour cela cinq angles d’attaque : le site, les usages, les qualités constructives, la thermique et les systèmes techniques.

Questions du site, du contexte :
Un bâtiment n’est jamais “au milieu de nulle part”, il interagit avec son site.
Quels sont les bénéfices de ce site ?
Quelles en sont les contraintes ?

Questions de fonctionnalité, d’usages et de morphologie :
La forme et le plan du bâtiment sont-ils adaptés à sa fonction, au programme et à de bonnes performances énergétiques ?
Le bâtiment est-il modulable, facilement adaptable ?
Une optimisation est-elle possible ?

Questions constructives, état du bâti et des matériaux :
Que dire sur l’âge et les qualités constructives des bâtiments ? Quels sont les principales pathologies ? Quel est l’état de la structure et de l’enveloppe et comment l’améliorer ?

Questions de thermique, d’énergie et de bioclimatisme :
Quels sont les risques d’inconfort et quels en sont les facteurs ? Quels sont les principales sources de déperdition ? Le bâtiment est-il adapté au confort d’été ou au confort d’hiver ? Est-il possible de l’isoler par l’intérieur ou l’extérieur ?

Questions concernant les systèmes techniques :
Est-il possible d’améliorer les systèmes de chauffage, de ventilation, d’eau chaude sanitaire et d’éclairage existant ? Une production d’énergie renouvelable ou une récupération d’énergie est-elle possible ?

Grille de lecture :
Pour nous aider à analyser le bâti, à hiérarchiser les résultats du questionnement précédent, nous proposons de mettre en place une grille de lecture à partir de ces cinq thématiques, et en fonction de leur effet bénéfique, optimisable ou problématique pour le projet de rénovation.

La grille de lecture ci-dessus apporte une somme de données sur le bâti existant, elle va révéler les urgences, les potentiels et les contraintes que l’étude des scénarios va permettre de hiérarchiser.
Le scénario doit tendre vers la sobriété, éliminer les dépenses et les déperditions inutiles en nous interrogeant avant tout l’importance réelle ou supposée des besoins et sur les priorités que nous pouvons établir entre eux.
Selon le scénario NegaWatt, il y aurait trois types d’action en faveur de la sobriété :
Une sobriété dimensionnelle pourrait s’appliquer par exemple à la taille du bâtiment. Est-il possible de faire mieux avec moins, de réduire l’usage des ressources, la consommation des sols, des matériaux de construction, l’énergie, les charges de fonctionnement..?
La sobriété coopérative nous aide à réfléchir à la mutualisation des équipements, des moyens de transport, à la mixité, la flexibilité des bâtiments mais aussi des territoires, des zones d’aménagements rénovées ou requalifiées.
La sobriété d’usage interroge l’adéquation entre les besoins et l’utilisation des ressources, l’utilisation d’eau potable pour les chasses d’eau, l’abondance d’éclairage public dans certains lieux ou bien la nécessité de faire fonctionner des escalators en permanence.

Quel budget ?
La réponse à la contrainte budgétaire ne se réduit pas au temps de retour sur le coût des travaux. Le financement des travaux ne sert pas uniquement aux économies d’énergie, il renouvelle les éléments du bâti, améliore ses fonctionnalités, ses qualités acoustiques, esthétiques, ergonomiques, etc. Une étude de la DRIEAT d’Île-de-France (mai 2018) montre que les indicateurs utilisés pour présenter la rentabilité des travaux influencent fortement la décision de travaux. Le calcul de temps de retour, utilisé couramment, souffre de lacunes méthodologiques et pédagogiques qui conduisent soit à l’inaction soit à une ambition trop faible au regard des enjeux de rénovation énergétique. Cette étude propose de prendre en compte la création de valeur d’une rénovation par rapport au scénario 0 pour déterminer le scénario le plus rentable et favoriser l’enclenchement de la décision de rénovations énergétiques ambitieuses.

Isoler
Rénover ce n’est pas seulement isoler. Le schéma ci-dessous montre les résistances thermiques à privilégier pour une rénovation thermique, selon la solution technique universelle (STU) de Olivier Sidler. Cependant chaque projet est spécifique et l’arbre décisionnel de la page suivante montre les solutions et les alternatives possibles…